Pourquoi cette démarche ?

Pour quelles raisons une entreprise doit-elle s’orienter vers l’Industrie 4.0 ? Selon les grands acteurs du secteur, les deux maîtres mots sont : productivité et flexibilité. Et la finalité serait tout simplement d’assurer sa compétitivité sur un marché mondialisé et de plus en plus digitalisé. Pour l’industrie française, ce serait même une question de survie.

 

Ce site a pour vocation, dans un premier temps, de vous aider à mieux maitriser les « basiques » de l’industrie 4.0.

 

Quelles sont les finalités de l’Industrie 4.0 ?

Les promesses de l’Industrie 4.0 sont nombreuses. Mais la première est d’ordre économique. Le principal bénéfice attendu reste de gagner en productivité, en réduisant les coûts et le temps de cycle.

Pour l’industrie française, le but n’est cependant pas de devenir compétitif face à la production de masse « low-cost », mais plutôt de se développer sur de nouveaux marchés. Notre positionnement produit doit être premium en Europe et particulièrement en France. On ne pourra pas être moins cher que la Chine. Or, pour devenir premium, il faut de nouveaux procédés de fabrication. Les technologies traditionnelles ne permettent pas d’atteindre ce niveau d’exigence à des coûts abordables. Et si l’industrie française doit être « premium », c’est pour proposer des produits de haute qualité, personnalisés et associés à des services numériques, précise-t-il.

 

Pourquoi gagner en flexibilité ?

Au même niveau que la productivité, accroître la flexibilité de l’outil de production est l’autre grand bénéfice attendu pour l’Industrie 4.0. Pourquoi ? Pour mieux répondre à l’évolution de la demande client. L’intérêt pour la digitalisation de l’industrie est directement lié à l’évolution de la demande client, à tous les niveaux, des partenaires industriels à l’utilisateur final. L’utilisateur final est par exemple de plus en plus demandeur de services numériques autour des produits, car c’est déjà ce qu’il utilise dans sa vie quotidienne. Il y a donc un comportement consommateur différent où le digital occupe une place grandissante. Il est incontournable d’en tenir compte.

Outre des services digitaux associés aux produits, le consommateur est également de plus en plus demandeur de produits personnalisés, s’accordent à dire l’ensemble des grands acteurs du secteur. Personnaliser son smartphone, sa paire de chaussures ou sa voiture, est une pratique désormais courante chez les consommateurs, notamment grâce aux services en ligne. L’avantage du digital est de pouvoir proposer cette personnalisation à un coût non prohibitif. Le consommateur veut désormais des produits personnalisés au même prix que des produits standards, et seule l’Industrie 4.0 permet de répondre à cet enjeu de flexibilité à faible coût. Sans le numérique, il leur serait impossible de produire uniquement des séries personnalisées à des coûts de production abordables.

 

Pourquoi faire évoluer les business models ?

L’Industrie 4.0 promet également d’ouvrir de nouveaux horizons commerciaux. Selon l’étude EY-OpinionWay (1) : 59 % des dirigeants interrogés estiment ainsi que l’Industrie 4.0 peut ainsi leur apporter une évolution de leur business model. Tout d’abord, elle peut faciliter l’expansion internationale d’une entreprise.

Autre évolution du modèle d’affaires : passer du statut de fabricant de produit à celui de fournisseur de services. Sur le marché B2C, il s’agira principalement d’associer des services numériques à des produits existants afin d’en augmenter la proposition de valeur.

L’industrie 4.0 ne sera pas un système de production de biens, mais une chaîne de valeur qui favorise la définition et l’échange d’expériences où la valeur des produits est complémentée par des services en ligne.

Au-delà du B2C, développer de nouveaux services « Industrie 4.0 » est également une opportunité B2B. Ce sont ainsi les fabricants de machines qui sont en première ligne pour développer de nouveaux modèles d’affaire, en ajoutant des services à la vente d’équipements. La machine peut l’alerter d’une dérive d’un réglage, d’un changement de pièces d’usure ou de consommables à venir, etc. Les premiers services de ce type sont aujourd’hui dédiés à la maintenance. Mais bientôt, ils pourraient évoluer vers l’optimisation.

Le paiement pour ce type de service peut s’effectuer à l’usage, en fonction du nombre de produits fabriqués. Pour le client, le bénéfice est d’avoir des garanties de performances et de disposer de l’ensemble des mises à jour de la machine intégrées au contrat. Il peut ainsi se prémunir des problèmes d’obsolescence. Pour le fabricant de machines, ce modèle intégrant des services crée davantage de liens avec ses clients. Il reçoit également des données de diagnostics et d’usages qui peuvent l’aider à améliorer ses produits. Enfin, d’un point de vue financier, il développe des revenus récurrents, puisque les services sont facturés sous la forme d’abonnements.

 

Pourquoi est-ce une question de survie ?

Pour les grands acteurs du secteur, l’industrie française n’a pas le choix. Elle se doit d’aller vers l’Industrie 4.0 pour simplement survivre. Pourquoi ? Parce qu’il s’agit d’un mouvement d’une portée mondiale, et les entreprises qui ne s’y engagent pas, n’auront bientôt plus de proposition de valeur à présenter face à leurs concurrents « digitalisés ». Même les pays spécialisés dans la production de masse suivent le mouvement. L’Asie aussi a entamé sa digitalisation. Et si elle se digitalise plus vite que l’Europe, nos entreprises seront dans une situation critique.

(1) Enquête EY-OpinionWay (Octobre 2016) : Croire en « l’industrie du futur » et au futur de l’industrie – réalisée par téléphone par OpinionWay pour EY France en Octobre 2016 auprès de 127 industriels français interviewés

 

Article adapté de l’édition N°16 de Smart-Industries, auteurs Christophe Guillemin et Guy Fages